15 avril 1989: Hillsborough, théâtre noir du foot anglais
Il y a 30 ans, le samedi 15 avril 1989, lors d'une demi-finale de coupe d'Angleterre opposant Liverpool à Nottingham Forrest, un mouvement de foule faisait 96 morts et plus 766 blessés dans les tribunes du stade d'Hillsborough à Sheffield. Un souvenir douloureux toujours intact dans les mémoires anglaises.
- Publié le 15-04-2019 à 17h32
- Mis à jour le 15-04-2019 à 17h33
Il y a 30 ans, le samedi 15 avril 1989, lors d'une demi-finale de coupe d'Angleterre opposant Liverpool à Nottingham Forrest, un mouvement de foule faisait 96 morts et plus 766 blessés dans les tribunes du stade d'Hillsborough à Sheffield. Un souvenir douloureux toujours intact dans les mémoires anglaises.
15 avril 1989. 15 h 06. On joue depuis 6 minutes sur la pelouse d'Hillsborough quand un policier se rue en direction de l'arbitre pour le sommer d'arrêter le match. Le football vient soudain de laisser place à l'effroi. Derrière le but gardé par Bruce Grobbelaar, le gardien de Liverpool, plusieurs centaines de supporters des Reds vivent l'enfer. Entassés, étouffés contre les grilles qui séparent la tribune de la pelouse, bon nombre d'entre eux, dont de nombreux enfants, sont en train de mourir. Mais comment en est-on arrivé à une telle tragédie ?
Un peu plus tôt dans l'après-midi, des travaux d'ampleur sur la route et aux alentours du stade d'Hillsborough ont sérieusement retardé la venue des supporters des Reds. A 30 minutes du début du match, la tribune debout réservée aux fans des Reds est étrangement vide contrairement à celle des supporters de Nottingham. Après quelques minutes seulement elle devient pleine à ras bord. Devant les guichets, à quelques mètres de là, la foule s'agglutine devant les deux seuls tourniquets.
Les forces de l'ordre commencent à être dépassées. Pour alléger la pression, la sécurité prend la décision d'ouvrir une porte annexe. Une décision fatale. Des centaines de supportes investissement une tribune déjà pleine à craquer. Le mouvement de foule compriment les supporters situés à l'avant, devant les grilles.
Liverpool marqué à vie
En direct à la télévision, les images parlent d'elles-mêmes. Malgré le chaos, le coup d'envoi du match est donné comme si de rien n'était. Six interminables minutes plus tard, l'ordre est donné de stopper le match. Dans la tribune, plusieurs supporters passent au dessus des grilles tentant de venir en aide à ceux qui ne peuvent plus respirer derrière. D'autres essayent d'atteindre la tribune du dessus avec l'aide des supporters présents. La situation est intenable et le bilan le sera tout autant. Une unique ambulance entre alors sur le terrain. Comme un symbole d'une organisation à la dérive.
Si les faits sont limpides, la police donne une toute autre version au sortir du drame. Pour elle, à l'époque, les supporters sont les premiers responsables. Profitant des maux du football anglais avec le hooliganisme, les forces de l'ordre ont délibérément menti comme le prouvera le rapport d'une commission indépendante en 2012. Durant toutes ces années, les familles des victimes n'ont cessé de se battre pour obtenir gain de cause. Finalement, le 26 avril 2016, soit 27 ans après le drame, le jury de l'enquête publique rend son verdict et parle d'« Homicide par négligence grave ». Des conclusions qui, pour la première fois, font de la police le premier coupable du drame. Un manque d'organisation étant responsable de la décision d'ouvrir cette fameuse porte annexe. Depuis, les stades anglais ont évolué. Les tribunes debout n'existent plus. Quant à Liverpool, déjà marqué par l'horreur du Heysel quatre ans plus tôt, il est tout proche de devenir champion d'Angleterre, 29 ans après son dernier sacre.
Dimanche, face à Chelsea (2-0), Liverpool a honoré la mémoire des disparus d'Hillsborough. Une minute de silence, un merveilleux tifo et cerise sur le gâteau, une victoire probante qui permet aux Reds d'être en tête du championnat.
Retour sur les plus meurtriers des drames des 50 dernières années dans des stades de foot
Dans la plupart des cas, des spectateurs meurent écrasés contre les grilles ou les portes du stade suite à un mouvement de foule, souvent provoqué par des heurts entre supporters.
- Moscou (1982). Le mystère plane encore sur le nombre de personnes mortes lors d'une bousculade dans le stade Loujniki de Moscou en octobre 1982 à la fin d'un match du Spartak contre le club néerlandais de Haarlem: 66 selon les autorités, mais 340 selon le quotidien Sovietski sport, ce qui en ferait la pire catastrophe en 50 ans, devant celle au Pérou en mai 1964.
- Lima (1964). Celle-ci a fait 320 morts et un millier de blessés au cours d'un match Pérou-Argentine au stade Nacional de Lima, à la suite d'un mouvement de foule dans les tribunes. Les portes du stade étant fermées, les supporteurs ne peuvent pas s'échapper et meurent piétinés ou asphyxiés.
- Bruxelles (1985). En Europe, le drame du Heysel, chez nous à Bruxelles, en mai 1985 (39 morts), a particulièrement frappé les esprits. Avant le début de la rencontre entre Liverpool et la Juventus, des hooligans anglais envahissent une tribune où se trouvent de nombreux tifosi de la Juve. Des grilles de séparation et un muret s'effondrent sous la pression de la foule.
- Port-Saïd (2012). En Egypte, en février 2012, à Port-Saïd, des heurts entre supporteurs du club local Al-Masry et du club cairote Al-Ahly font 74 morts et des centaines de blessés à Port-Saïd. Le drame provoque des manifestations contre le pouvoir militaire, accusé d'inaction face aux violences (16 autres morts). 21 condamnations à mort seront prononcées un an plus tard, verdict annulé en février 2014.
Mais aussi...
- Accra en mai 2001 (entre deux équipe ghanéennes): 126 morts.
- Katmandou en mars 1988 (entre une équipe népalaise et l?Armée de libération du Bangladesh): une centaine de morts dans un mouvement de foule provoqué par une violente averse de grêle et une coupure de courant pendant un match.
- Guatemala en octobre 1996 (Guatemala-Costa Rica): 90 morts et 150 blessés.
- Buenos-Aires en juin 1968 (derby entre équipes locales): 71 morts et environ 150 blessés.
- Glasgow (Ecosse) en janvier 1971 (derby Rangers-Celtic): 66 morts. L'Ibrox Stadium avait déjà connu un effondrement de tribune en 1902 avec 26 morts.
- Bradford (Angleterre) en mai 1985 (contre Lincoln City): 56 morts dans l'incendie de la tribune principale en bois.
- Le Caire en février 1974 (entre le club de Zamalek et les tchèques du Dukla Prague): 48 morts.
- Johannesburg en avril 2001 (entre les grandes équipes d'Afrique du sud Orlando Pirates-Kaiser Chiefs): 43 morts. Dix ans plus tôt, lors d'un match, à Orkney, entre les mêmes équipes, des affrontements avaient fait 40 morts.
- Kayseri (Turquie) en septembre 1967 (entre des clubs locaux) : 40 morts et 600 blessés dans des bagarres pour un but contesté.
- Abidjan en mars 2009 (Côte d'Ivoire-Malawi): 20 morts et plus de 130 blessés.
- Le Caire en février 2015 (championnat d'Egypte): 19 morts lors de heurts entre la police et des supporteurs.
- Athènes en février 1981 (entre l'Olympiakos et l'AEK Le Pirée): 21 morts.
- Bastia en mai 1992 (demi-finale de la Coupe de France contre Marseille): 18 morts et plus de 2.300 blessés après l'effondrement d'une tribune dans le stade Furiani.
- Uige (Angola) en février 2017 (entre deux clubs locaux): au moins 17 morts et une soixantaine de blessés.